Helsinki . Central Library
MOAVille d'Helsinki
ProgrammeBibliothèque, Learning center, Cinéma, Restauration, Bureaux, Studio d'enregistrement
Surface15 000 m²
Coût70 000 000 €
StatutConcours international . Mention Honorable
Architecte AssociésAAKAA
Description

FORTERESSE

« La bibliothèque se défend toute seule, insondable comme la vérité qu’elle héberge, trompeuse comme le mensonge qu’elle conserve. Labyrinthe spirituel, c’est aussi un labyrinthe terrestre. »
Umberto Eco, « Le nom de la Rose ».

Une bibliothèque traditionnelle est le contenant d’un savoir aussi précieux qu’invisible. Elle s’apparente à un coffre-fort dont les frontières avec le monde semblent jalousement tenues hermétiques. Cette forteresse parait protéger d’un extérieur envahissant des espaces sacralisés, hors du temps : de vastes étendues silencieuses paralysant le plaisir de l’échange, dont l’immensité altère la simplicité du mouvement vers l’autre.

Nous rêvons d’une connaissance s’évadant de cette enceinte, pénétrant la cité dans un désir partagé de communion et de générosité: une bibliothèque dans la ville, une ville dans la bibliothèque.

ETAGERE

La bibliothèque nationale d’Helsinki est une étagère à l’échelle de la métropole, toujours visible, offerte.  Une superposition de plateaux libres comme autant de mondes à découvrir, investir et transformer. Les différents programmes s’éparpillent dans ces espaces vierges: objets de tailles et formes diverses, ils représentent une richesse intérieure ouverte sur la ville alentour. Ils sont une invitation à la rencontre, le partage, l’apprentissage, la mixité.

CŒUR

La bibliothèque s’implante dans un lieu d’exception au centre d’Helsinki. A proximité de la gare centrale, face au parlement, ouvert sur un vaste jardin découpé par les lacs, il s’étend le long d’une frontière entre cité et nature, matérialité et onirisme, célérité et flânerie.
L’étagère s’oriente vers une place fédératrice, nouveau cœur de la ville, lieu de confluence des bâtiments emblématiques qui l’entourent; La place et la bibliothèque s’interpénètrent, partagent un espace de rencontre et de potentialité, aimantent les flux et reflux au gré des marées urbaines.
Face aux voies ferrées, l’envers du projet révèle un riche meuble marqueté,  excite la curiosité par les subtils pivots des panneaux composants sa façade; Derrière ces mystérieuses portes entrouvertes se développent les circulations de la bibliothèque, voyage à travers la structure du bâtiment,  puits de communion entre les univers.

MIROIR

S’étirant face au cœur de la ville, un gigantesque miroir délimite les deux parties du bâtiment, dématérialise la scission entre le contemplatif et l’actif. L’espace de circulation, au-delà du miroir, demeure invisible depuis la place: entre les plateaux comme en suspension, à travers les volumes des objets, apparait un panorama virtuel de la ville d’Helsinki. Par-delà la bibliothèque, à travers celle-ci, les plans filent vers cette étendue familière et irréelle, fragment anatopique de paysage, de ciel et d’urbanité.
La première traversée du miroir est un plongeon dans un monde de pénombre enveloppant de furtifs éclats de lumière, un parcours dans les méandres d’une ancienne machinerie figée dans le mouvement. Avant de traverser à nouveau l’illusion pour pénétrer dans les univers infinis des plans.

INTERIORITE

A chaque niveau, émerge un espace des possibles: une modularité de disposition et d’assemblage des programmes en fonction des évènements et des évolutions du projet.
Le parcours à travers chaque plateau confronte à une densité et une dimension particulière : les différentes échelles d’urbanité des programmes-objets plongent au cœur des expériences spatiales de la ville et du paysage, les confrontent sans cesse à la dimension humaine, au pouvoir évocateur du vécu.
Dans les vides résultants des jeux de tension entre ces masses se créent des espaces propices à l’ouverture et au dialogue, la concentration et le travail,  la méditation ou la rêverie: oasis d’intimité dérobés au regard, cocons d’activité feutrés, plongeoirs imaginaires vers le jardin et la place.
Le miroir offre des vues sur le caché, l’évènement à venir. L’espace se dédouble, abolit la limite du réel, transgresse les habitudes de la compréhension : il plonge dans la perception d’un espace ouvert de part et d’autre sur la ville, la lumière et le ciel.