Paris XIII . Surélévation
Description de l’opération
Le terrain, situé dans le XIIIème arrondissement au 53, rue de la Glacière, est en mitoyenneté avec deux autres immeubles. Cet immeuble de logements s’oriente à l’Ouest sur la rue de la Glacière et à l’Est sur un jardin en copropriété. Cet immeuble, réalisé en 1968 par l’architecte Louis Barrailla, avait pour projet la réalisation de 53 chambres et un rez-de-chaussée commercial. D’une hauteur de 20.35m, l’immeuble existant est composé d’un rez-de-chaussée comportant un commerce, les partie communes ainsi qu’un logement, le sous-sol comprend des locaux techniques et un espace de stockage (pour le commerce). Les 52 chambres restantes se répartissent sur les 6 niveaux supérieurs.
Le projet consiste en la surélévation de l’immeuble jusqu’à une hauteur de vingt-six mètres et treize centimètres (26m13). Ce qui correspond à la création de deux nouveaux niveaux et le réaménagement du dernier niveau existant (R+6) afin de lui permettre de recevoir la surélévation de manière optimale.
La surélévation permettra la création de 5 appartements en duplex et la fusion de 4 studettes existantes au R+6 en deux logements plus généreux. Cette surélévation générera 217m² de surface habitable supplémentaire.
Partis urbain et architectural
Nouvelle typologie
Face à l’accroissement de la population et aux besoins croissants d’offre de logements à Paris, certaines réglementations ont été modifiées avec l’objectif d’augmenter l’offre de logements.
Ainsi, la disparition du COS et la possibilité de surélever les immeubles jusqu’au niveau de ceux limitrophes sont les nouvelles règles qui redéfinissent le « skyline » de Paris.
Cette mutation encore invisible, recèle un fort potentiel de modification de la ville qui doit nous interroger sur les règles de formation de ces nouveaux territoires et de leur posture vis-à-vis de la ville « ancienne ».
Poussée par l’optimisation de ces volumes à très fortes contraintes, des formes apparaissent, qui possèdent leurs logiques propres.
Hugh Ferriss, au début du siècle dernier, analyse les contraintes des gabarits urbains de New York. Il dessina une série de perspectives étonnantes montrant une ville « maximum » où les règles seraient utilisées jusqu’à leur limite.
Ces perspectives révèlent dans ces géométries apparemment arbitraires, comme des formations cristallines à l’échelle géologique, une beauté secrète. De cette esthétique de l’efficacité nait un ordre. Un ordre qui organise l’espace, qui crée les règles de formations de l’habiter.
Contraste
La ville se réinvente au gré des contraintes et des nécessités ; cette problématique actuelle de la surélévation ouvre un nouveau champ formel qui reste à explorer et devient maintenant le support pour de nouvelles façons d’habiter qui viennent s’ajouter aux règles de formation antérieures.
Pour cela, plutôt que de pasticher les toitures parisiennes, nous préférons reformuler les conditions de genèse de la forme des projets.
Ainsi, la trame régulière choisie pour la surélévation, prolonge la compréhension du bâtiment existant. Le rythme de la nouvelle façade s’établit comme un nouvel ordre mais est également inspiré de celui qui le sous plombe.
Cette interaction créée entre l’ancien et le nouveau jouera sur la modulation du rythme de la structure nouvelle, comme entité propre, sans totalement se déconnecter de l’ancien.
Ce sont ces combinaisons franches et assumées en façade qui permettent de redéfinir la skyline parisienne.
La différence temporelle entre les bâtiments (existant et surélévation) sera introduite par la matérialité et le traitement de la façade.
Le système technique est réduit à sa plus simple expression afin de dépasser l’idée même de structure. Le plus petit dénominateur commun structurel devient la grammaire d’un espace, comme l’élément essentiel qui dépasse la structure elle-même et fait apparaitre les capacités qu’offre cette dernière.
Ainsi à la manière de Sol LeWitt, la structure joue sur la modulation des pleins et des vides afin de mettre en scène les potentiels des combinaisons et ainsi fournir de vrais espaces libres à habiter. Ces potentiels de combinaisons sont exploités sur les contraintes imposées par le gabarit maximal.
C’est le volume maximum qui dicte l’ordonnancement du projet. Mais notre volonté d’interaction entre la technique et l’histoire nous amène à une façade en panneaux d’aluminium anodisés naturels. Ce choix esthétique interroge l’autonomie de la surélévation et la redéfinition de la skyline parisienne comme identité propre à celle de notre temps.
Tout ce travail renforce une forme de technicité voulue pour ce projet. Assumer la technique c’est à la fois assumer la structure et l’esthétique. Le corps vital du bâtiment (ventilations, gaines, extractions, conduits techniques..) est ainsi lui-même distillé sur le toit. C’est une recherche d’abstraction totale, de surpasser cette technicité présente pour pousser plus loin et mettre en évidence l’esthétique de ces nouveaux territoires que sont les toits.
Structure
Le projet repose sur une ossature bois, qui permet d’alléger les descentes de charges sur le bâtiment existant. Le bois permet un montage simple et efficace. Des modules géométriques simples viennent composer la structure ainsi que les planchers bois. Cette structure s’inscrit de manière à créer un volume maximal dans le gabarit permis. Le montage sera fait en plusieurs étapes, premièrement la reprise des excroissances techniques de la toiture existante, puis la pose de la structure bois qui viendra s’appuyer sur les structures existantes.la cage d’escalier et l’ascenseur seront prolongées d’un étage. Ensuite, l’ensemble sera habillé des panneaux d’aluminium anodisé.
Matériaux
Les menuiseries et les panneaux de façade sont en aluminium anodisé naturel sur chaque niveau de la surélévation.
Les toitures sont en zinc d’aspect naturel et étanchéité bitumeuse. L’ensemble des éléments techniques en toiture seront capotés par des panneaux aluminium anodisé naturel identique à la façade.
Les garde-corps quant à eux, sont composés d’une maille inox tendue.
Logements
Au niveau R+6, 4 studios existants sont réaménagés en deux appartements plus spacieux (environ 33m²). Ces deux appartements offrent des vues principales sur la rue de la Glacière et sont accessibles par le couloir de desserte existant.
En R+7, cinq duplex sont créés, accessibles par l’escalier et/ou l’ascenseur qui est prolongé jusqu’à ce niveau. Le couloir de desserte imite celui existant des niveaux inférieurs et dessert les duplex sur les pièces de jour telles que séjour et cuisine. Les deux appartements exposés du côté de la rue de la Glacière disposent de chacun un balcon d’une profondeur de 85cm. Les logements sur cour sont pourvus de larges ouvertures comme en façade principale.
Puis en R+8, nous retrouvons les espaces à vocation plus intime tels que les chambres et salles de bain. L’accès au dernier niveau se fait au sein de chaque appartement à l’aide d’un escalier aux dimensions domestiques. Toujours sur le même principe, les deux logements sur rue disposent de balcons que l’on peut appeler terrasses au vu de leurs dimensions plus généreuses (2.05×4.30m environ).
Sur ce dernier étage nous retrouvons un accès technique et les mécanismes en lieu et place de l’ascenseur.
Des ouvertures sont créées dans la cage de l’escalier pour les derniers niveaux afin d’apporter une lumière diffuse dans celle-ci.