Bourg-la-Reine . Crèche
Construire une crèche…
C’est un édifice public d’un genre particulier, …, où la responsabilité est grande : pensons aux premiers pas de nos enfants vers « l’indépendance ».
Et si nous sommes attendris par les souvenirs de notre propre jeunesse, car c’est en effet probablement l’âge de nos premiers souvenirs, le sujet mérite un sérieux et une attention toute particulière à la mesure des enfants de Bourg-la-Reine.
La rue des Rosiers
La crèche s’implante dans la dernière dent « creuse » de la rue des rosiers et en quelque sorte, c’est la dernière pièce de ce grand « puzzle ». La responsabilité est grande, encore une fois, aux vues de la complexité des enjeux urbains.
Autrefois, la rue n’était qu’une impasse en contrebas des voies de chemin de fer. La période moderniste d’après-guerre stoppée dans son élan avait pour projet un grand ensemble sur dalle, dont finalement seule une petite partie a été réalisée et qui s’arrête abruptement au droit du site. Des constructions de logements avec des immeubles de rapports dans les années 80/90 ont amené une logique de continuité urbaine avec un alignement sur la rue des rosiers. Le projet du Centre d’animation, expression et loisir (le CAEL) en cours de construction poursuit cette logique, tout en traitant savamment l’inflexion de la voie. Enfin, le talus qui surplombe le site avec au-dessus les bâtiments de la RATP, donne une impression d’encaissement à la parcelle.
Notre proposition s’inscrit dans un dialogue avec les éléments constituants du site par une attention au « déjà là » et aux potentiels à révéler au travers du projet.
Le monde des enfants
Si au premier abord, l’effet d’encaissement du talus peut paraître peu engageant, nous pensons néanmoins que celui-ci a un fort potentiel en terme de biodiversité et qu’avec peu de chose, il peut devenir un refuge végétal et animal. Cette bande végétale inaccessible quelque peu délaissée des hommes, offre finalement un calme et un refuge à la biodiversité : c’est la toile de fond du monde des enfants. L’ensemble des programmes lié aux enfants forme un cirque face à cet espace naturel. Les jardins et les différents espaces extérieurs de la crèche participent à la création d’un ensemble végétal cohérent et formant une continuité de biodiversité bénéfique à l’ensemble du quartier.
Le monde des adultes
Sur la rue des rosiers, le bâtiment s’implante à l’alignement dans un gabarit et une subtile volumétrie, jouant avec de légères inflexions de certains plans de façades marquant des événements particuliers tels que l’entrée ou certaines circulations.
Le volume s’inscrit dans une continuité bâtie et de matériaux avec le CAEL, fait de volumes épurés en pierre et en verre pour constituer un ensemble cohérent sur rue.
Si le monde des enfants s’inscrit dans une continuité végétale, d’une certaine manière le monde des adultes s’inscrit dans une continuité urbaine à l’échelle de la rue des Rosiers.
Architecture Agile
L’architecture proposée répond aux différentes qualités et contraintes contextuelles du site par une architecture agile : souple, courbe face au végétal, droite et rectiligne sur rue.
Sur la rue des rosiers et contre la résidence (au n°1 de la rue), le bâtiment définit des limites franches face à l’espace public et face aux limites séparatives contre la dalle du bâtiment mitoyen afin de redonner une clarté urbaine, où la ou les époques modernes avaient créé des espaces résiduels.
Le long du talus, les façades se courbent pour laisser place à des espaces extérieurs en corrélation avec une végétation. Les arbres existants sont conservés et magnifiés par les courbes des façades de la crèche, qui, d’une certaine manière les englobent et les protègent ; une amabilité face à ces arbres qui ont traversé plusieurs décennies.
Le projet articule ainsi les différentes problématiques du site dans une architecture agile, adaptive, à plusieurs visages, plusieurs ambiances en corrélation avec le programme spécifique de la crèche.
Filiation de la pierre
La crèche s’inscrit parmi les nouveaux équipements de la ville de Bourg-la-Reine.
Chacun de ceux-ci propose un travail spécifique sur la pierre, initié par la très belle médiathèque François Villon et son architecte Pascale Guedot, et prolongé par le Centre d’animation, expression et loisir de Dominique Coulon. Si les projets affirment une architecture personnelle et unique, nous pensons néanmoins, qu’il peut y avoir un lien de filiation entre ses équipements de service public de la ville de Bourg-la-Reine avec comme signe distinctif, l’utilisation commune de la pierre.
Nous proposons une pierre semi porteuse, épaisse, extraite dans le bassin parisien, pour définir l’enveloppe périmétrique de la crèche : l’enceinte. Une façade pérenne affirmant la présence de l’équipement : une masse avec une échelle ancrée dans une logique naturelle. C’est une matière qui sait prendre les ans, qui se patine…dans la durée.
Le bois
Nous proposons pour des raisons à la fois, de développement durable, de planning, d’évolutivité mais aussi et surtout pour l’ambiance intérieure souhaitée et voulue chaleureuse et réconfortante, de réaliser l’ensemble de la crèche (hors enceinte) avec une charpente de bois.
La construction de bâtiment « décarboné » est un enjeu primordial, pour préserver et maîtriser les ressources de demain. Nos réflexions sur ce sujet nous ont amenés à réfléchir sur une construction en bois. En effet, l’utilisation du bois dans la construction évite de gaspiller de l’énergie dans un secteur qui en consomme déjà beaucoup et produit près du quart des émissions de CO2. D’abord parce que, de la forêt au chantier, le bois consomme moins d’énergie que la plupart des autres matériaux. Ensuite, parce que son inertie thermique limite la consommation énergétique des bâtiments. Encourager l’utilisation du bois permet donc de gagner sur les deux tableaux : la capture du CO2 excédentaire et la réduction des émissions.
Le principe de poteau / poutre en bois permet une efficacité d’exécution en corrélation avec les objectifs de la ville en terme de planning et permet une grande évolutivité dans le temps. L’utilisation d’une trame constructive régulière de poteau permet une liberté de cloisonnement permettant de s’adapter aux besoins futurs.
Enfin, l’utilisation du bois permet un contraste avec l’enceinte en pierre à l’extérieur et amène sa chaleur naturelle dans l’ensemble des espaces intérieurs de la crèche. Nous proposons un plafond de bois aux teintes blondes, dorées, douces, aux poutres apparentes et croisées, soigneusement
coordonnées. C’est une architecture légère et fluide, correspondant au monde des enfants, en opposition à la massivité de la pierre face à l’espace public.