Périgueux . Château Barrière
La ville de Périgueux en association avec la fondation d’entreprise Willmote proposent de travailler sur la transformation du château Barrière, vestige du XIIe et XVIe siècle, en un espace culturel d’une superficie de 600 m2 pour des rencontres et expositions.
Vestige.
Le château Barrière est chargé d’une émotion propre à ces lieux emplis d’histoire, un lieu sanctuaire dans la ville, une ruine : attrait ambigu et particulier. La ruine est une figure hybride entre nature et artifice.
L’aspect de ruine du logis évoque tout d’abord les tableaux à l’ambiance si particulière de Piranèse : un instantané dans l’éternité d’une ruine, au paroxysme de son intensité romantique, dont on aurait bien du mal à dire si elle est au stade final de délabrement. Un état de finitude, comme si pour ces bâtiments, l’apogée de leur expression passait par un passage presque contrôlé du temps comme architecte, pour obtenir cette apparence figée dans une esthétique de la permanence.
Mais une ruine n’est jamais finie.
Dans les processus de la dégradation, la matière subit une métamorphose permanente. La ruine nous fait prendre conscience de l’aspect artificiel de toute construction inéluctablement vouée à la dégradation : la matière étant soumise au passage du temps. En retournant vers un état de nature, l’intérieur et l’extérieur s’interpénètrent. Dans ce qui naît de la ruine, se dégage une nouvelle atmosphère, une nouvelle flore.
Elle est l’empreinte des époques passées, une peau verticale vidée de sa substance, de son usage.
L’incomplétude de la ruine laisse alors à l’imagination le plaisir de suppléer la partie manquante. La valeur d’ancienneté ne se limite pas seulement à sa valeur historique, mais elle recouvre aussi le sentiment de la présence du temps. La valeur d’authenticité, transférée sur la matérialité même du monument, favorise la contemplation, le retour des époques antérieures.
A partir d’un certain seuil, la ruine ne renvoie plus à l’original mais tire de son imperfection même tout son intérêt. L’œuvre amputée, blessée, gagne en puissance émotive ce qu’elle perd de sa perfection formelle.
Palimpseste.
Réécrire et réinscrire la mémoire par-dessus les strates révolues : la ruine comme palimpseste.
L’utilisation des strates antérieures ne résident pas en une imitation servile mais en une transposition. Il ne s’agit pas de retrouver la fonction antérieure du bâtiment mais de trouver une nouvelle fonction à cette enveloppe chargée d’histoire. Le projet est une addition temporelle, il agit comme le temps en ce sens où il modifie, transforme le bâtiment initial dans l’usage et la requalification de ses espaces, apportant de ce fait un sens supplémentaire, lié à l’époque.
Par la réécriture et la réinterprétation contemporaine des volumes disparus du bâtiment originel (mur, toit et tour), elle crée un dialogue entre passé et présent, et se donne un nouveau visage, une nouvelle silhouette. Les différents niveaux de la ruine n’offrant pas les mêmes qualités, chacun d’eux est interprété d’une manière originale : Langage commun mais écriture différente entre les niveaux d’expositions, réinterprétant les fenêtres, les cadrant comme des tableaux, soulignant l’importance de la lumière, créant pour chacune un espace scénique original. Le dernier niveau (espace de réception et de conférence) est un volume pur et généreux, né du décollement du toit originel laissant au visiteur une vision totalement dégagée et unique sur Périgueux. Un espace nouveau réinterprétant le volume disparu du bâtiment originel, créant un dialogue entre passé et présent, et donnant un nouveau visage, une nouvelle silhouette au logis.