Prague . Bibliothèque Nationale
« Tout ce livre est un roman en forme de variations. Les différentes parties se suivent comme les différentes étapes d’un voyage qui conduit à l’intérieur d’un thème, à l’intérieur d’une pensée, à l’intérieur d’une seule et unique situation dont la compréhension se perd pour moi dans l’immensité. »
Milan KUNDERA, « Le livre du rire et de l’oubli ».
La bibliothèque de demain sera universelle et démocratique afin de garantir les libertés fondamentales de l’individu. Le libre accès au savoir et à la culture requiert l’ouverture, l’échange et la confrontation.
La connaissance captive réservée à l’élite sociale est un concept archaïque, la bibliothèque de demain est pleinement partagée mais doit conserver une force mystérieuse issue de la somme immense et impalpable des connaissances.
Cette volonté collective de diffusion au plus grand nombre permet de par les nouvelles techniques de communication de démocratiser l’information et d’en accélérer la portée. Pour autant, la bibliothèque de demain ne sera pas virtuelle, accessible par tous et tout le temps. Individu dominant seul l’information depuis chez lui et condamnant ainsi l’idée même d’un lieu nous dépassant dédié à notre humilité face à la connaissance.
Le bâtiment doit imposer une spatialité forte, particulière et inoubliable, c’est un lieu intemporel: convergence de la découverte, de la surprise, de l’échange, du questionnement et de l’étonnement.
La bibliothèque doit demeurer la figure emblématique de notre civilisation, elle est le témoin de la somme infinie des cultures, garant du passé comme source de connaissance et potentiel lattant de devenir.
Le projet de NL évoque cette immanence :
L’édifice est enraciné aux tréfonds de nos consciences, du patrimoine pour éclore par strates successives vers les sommets de la connaissance.
Le cylindre
Le cylindre engendre une série de spatialités particulières :
A l’intérieur c’est un lieu centripète propre à la concentration, orienté vers le ciel et coupé de l’environnement urbain.
A l’extérieur : c’est une forme fluide, non anguleuse qui laisse libre cours au sinuosité du parc.
Un parc ininterrompu
Le parc est prolongé à travers la NL. La NL n’est pas un bâtiment monobloc et imperméable, elle est constituée d’une résille poreuse sur plan moléculaire. Elle se découvre comme une forêt de cylindres blancs opalins et énigmatiques, plantés aléatoirement dans le parc. Le bâtiment est éparpillé, la végétation s’insinue dans ces interstices et les promeneurs flânent le long de ces éléments laiteux, sans pouvoir en percevoir distinctement la nature spécifique et l’usage spatial intérieur propre à la fonctionnalité de chacune des entités circulaires. Certains cylindres perforent le sol végétal pour conduire la lumière au cœur des archives. La continuité du parc est assurée en superficie, les cylindres perforent ce sol, il surgissent en positifs ou bien se laissent découvrir en négatif inondant les tréfonds de la bibliothèque de lumière.
L’image et la ville
La maille de cylindres est tronquée à l’angle des deux rues. Cette disposition permet de reconstituer un alignement, de marquer une nouvelle limite entre la ville et le parc.
La NL offre à la ville une façade urbaine « immédiate », les « curves-screens » translucides, support de texte et d’informations interactives s’interposent devant la somme des cylindres et crées une nouvelle strate de transparence enveloppant ces objets. Les curves-screens sont la « 1ere couverture » du bâtiment ils annoncent des informations simples (calendrier, événements, expositions…) qui ne laissent rien présager du contenu particulier de chacun des cylindres.
Intimité et parcours
Le projet de NL se reparti équitablement le long d’une ligne de flottaison. Au dessus les cylindres blancs opalins signalent la présence énigmatique de la NL et captent la lumière.
En dessous les stockages et services remplissent les interstices laissés entre les vides cylindriques.
Le socle enterré : il est le lien inaliénable et pérenne de l’édifice.
Les espaces baignés d’une lumière zénithale se découvrent et s’enchaînent successivement le long d’un parcours initiatique. Chaque type d’espace bénéficie d’une ambiance lumineuse très caractéristique et introvertie. L’ensemble de ces éléments s’articule tous en continuité tangente les uns avec les autres, décrivant ainsi une grande spirale spatiale menant du plus public aux collections les plus rares.