Choisy-le-Roi . Equipement sportif
URBANITE
« …Sa source en latin est urbanitas, qui définit les qualités humaines acquises en société. Elle décrit une élégance de vocabulaire et de savoir-vivre… »
Chacun de nos projets d’architecture parle à sa manière d’urbanité. Ou comment chaque architecture s’insère dans son milieu, comment elle articule les usages, les échelles, ses matières, ses lumières, les ambiances. Autant de bienveillance, de générosité, qui fondent une architecture voulue résolument contextuelle, à même de répondre aux enjeux de ce quartier.
La ZAC des Hautes Bornes a pour vocation de participer à la requalification des quartiers Sud de la commune Choisy-le-Roi. Urbaniser doit aujourd’hui être un acte symbolique. Symbole de l’attention portée à la revalorisation progressive de territoires, parfois, malmenés naguère par l’urgence d’un développement peu contrôlé. L’urbanité n’est pas une valeur démodée. Urbaniser c’est humaniser. Nous sommes entrés dans l’âge urbain. Nous devons assumer historiquement le stade de cette évolution, le stade urbain. Dans notre cas, ici, se pose la question de la place d’un équipement sportif et des valeurs qui le sous-tendent.
L’ESPRIT DU SPORT
Construire un lieu du sport … C’est un édifice public d’un genre particulier qui a marqué l’imaginaire de nos civilisations depuis l’antiquité… Nous avons tous en mémoires nos exploits de jeunesse… Et même si nous sommes attendris par ces souvenirs, ces sentiments sont quelques fois apitoyés tellement l’obsolescence et la perte de sens ont perverti l’architecture du sport, jusqu’à se rapprocher dangereusement du simple entrepôt, de la « boîte muette ».
A l’heure ou la devise, « Mens sana in corpore sano » (un esprit sain dans un corps sain), pourrait retrouver un peu des couleurs, devant l’enthousiasme de plus en plus croissant pour la pratique du sport : cet équipement sportif appelle à une réelle clarté, simplicité, fonctionnalité, une urbanité qui est peut-être le premier trait du caractère public de cet équipement. Comment concilier sobriété et plaisir de vivre, des lieux marqués par l’équilibre, la quiétude, la tranquillité mais aussi la force, l’évidence d’une architecture protectrice, solide et pérenne.
De ce fait, nous proposons, ici, un bâtiment avec une présence assumée et singulière. Une volumétrie jouant sur la fluidité de ses courbes, sur une souplesse en rapport à son usage. C’est aussi une matière, une matière qui sait prendre les ans, jouant sur le reflet et la légèreté. Ici nous proposons des panneaux d’aluminium permettant une continuité entre façade et toiture pour offrir une volumétrie épurée aux lignes affinées.
LA DIMENSION CACHEE
Si le terrain peut paraitre grand au vu de l’équipement à construire. Ce site a néanmoins des dimensions cachées qui sont toutes autres que ses limites notariales : la ligne à haute tension grevant, en effet, une grande partie du terrain.
Cette limite invisible mais primordiale fixe d’elle-même l’implantation du bâtiment : c’est-à-dire dans l’angle Nord/Est du terrain et mettant l’équipement dans un rapport d’échelle et de proximité peu heureux avec le tissu pavillonnaire situé au nord.
Aussi, devant ces rapports d’échelles difficiles, nous proposons que la salle de sport soit semi-enterrée afin d’offrir une hauteur « ressenti » en corrélation avec le quartier. Cette dimension cachée de l’équipement permet d’offrir des rapports plus justes et harmonieux entre les différents tissus urbains qui composent ce quartier.
PUBLIC / SPORTIF, SERVANT / SERVI
Le projet tire parti de cette implantation semi-enterrée pour proposer une mise en place à la fois fonctionnelle du programme, mais aussi permet une liberté dans la volumétrie du projet, afin de ce détaché de l’effet «boite» qui colle trop souvent à la peau de ce genre d’équipement.
La mise en place du programme se décompose ainsi :
-En un plateau sportif semi-enterré auquel l’ensemble des programmes annexes (vestiaires, stockage, sanitaires,…) sont rattachés et accessibles de plein pieds avec l’air de jeu.
– et une partie accueil public et sportif (loge, gradins et sanitaires public) et administration (bureaux et réunions) à Rez-de-Chaussée.
Cette disposition fonctionnelle permet de décomposer le projet en trois volumes jouant avec le paysage créé.
La salle de sport avec les gradins publics représente le volume principal et s’ouvre dans un rapport direct et transparent avec le parvis d’entrée et le paysage environnant. L’ensemble de l’espace sportif a été dessiné pour offrir une certaine solennité mettant en valeur la pratique du sport, espace équilibré, calme et serein. Le sport reprend ainsi une place dans la cité.
Le volume d’entrée combine toutes les fonctionnalités d’accueil du public et des sportifs, et administratives, ainsi que les circulations verticales. En se désaxant du volume principal, il vient définir de manière subtile et en même temps évidente, le parvis d’entrée de l’équipement.
Enfin, un petit volume vient se raccrocher au précédent le long de la parcelle à l’Est. Celui-ci intègre la salle de réunion et l’ensemble des locaux techniques accessible de pleins pieds. Le jeu libre de composition entre ces trois volumes vient créer naturellement un patio autour duquel s’ouvrent les bureaux et la salle de réunion.
La manière de circuler dans le bâtiment est un élément fondamental de ce projet et a été pensée dans sa capacité à créer des surfaces d’échanges et à interagir avec la ville dans un continuum fort intérieur/extérieur. Nous proposons de larges circulations à la lumière, visible de tous, rendant le parcours évident et à même de proposer une continuité spatiale entre les différents niveaux et les différentes activités du bâtiment et l’espace public.
PAYSAGE
Le projet s’appuie sur le paysage pour s’insérer dans le tissu urbain.
Dans un premier temps, en faisant preuve d’attention à ce qui préexiste, avec la création du chemin d’entrée à l’équipement reliant naturellement la rue Etienne Dolet, aujourd’hui en cul de sac, avec la nouvelle voie créée , l’avenue Rosa Luxemburg. Le parvis se connectant sur ce chemin de manière naturelle.
Nous proposons une esthétique liée au sport pour dessiner ces accès, rappelant une piste d’athlétisme avec des lignages, des numéros, inscrivant l’image et l’évocation du sport dès l’approche du site.
Les parkings voiture et 2 roues trouvent naturellement leur place dans un dessin libre dans la continuité des bâtiments ou le paysage joue le rôle de liant. L’entrée des véhicules se connecte à l’avenue Rosa Luxemburg par le bateau existant prévu à cet effet.
Le projet prévoit comme demandé sur la partie Ouest de la parcelle qu’elle soit laissée libre pour la construction future d’un petit équipement (hors zone ligne à haute tension). Nous proposons une grande prairie comme liant paysagé sur l’ensemble du site.
C’est une grande prairie, parfois sauvage, parfois maitrisée par une simple tonte. Nous proposons d’ajouter quelques reliefs, donnant du caractère et de l’amplitude à ce site et permettant d’utiliser la terre excavée pour la construction directement sur le site.
A la manière d’un jardin à l’anglaise, un terrain de foot, une promenade sur la butte, apparaissent à la belle saison après une tonte pour agrémenter la vie du quartier. Les limites disparaissent au profit d’une continuité organique, marquée par l’abondance et la générosité d’une végétation bienveillante.
Architecture et paysage s’inscrivent, ainsi, dans une expérience sensible et partagée, une poétique de la situation.
L’urbanité n’est pas à chercher dans un ordre construit, architecturé, mais dans une atmosphère sensible, qu’on pourrait qualifier de « physiologique », car profondément liée à un milieu vivant, et ou le sport retrouve naturellement sa place.